Capgemini, SAP et Mistral AI : l'IA générative en haute sécurité pour dompter les secteurs sensibles

Capgemini, SAP et la pépite française Mistral AI s'allient pour déployer plus de 50 applications d'IA générative sur mesure pour les industries où l'erreur n'est pas permise. Un défi de taille pour une technologie encore en pleine effervescence.

Et si l'intelligence artificielle générative, cette technologie capable de créer textes, images ou codes à la demande, pouvait entrer sagement dans le rang des secteurs les plus cadenassés comme la finance ou la défense ? C'est le pari un peu fou que viennent de lancer trois acteurs majeurs : le géant du conseil Capgemini, le maestro allemand des logiciels d'entreprise SAP, et la start-up française qui monte, Mistral AI. Ensemble, ils veulent prouver que même l'IA la plus créative peut porter un costume-cravate et respecter les règles à la lettre.

L’IA générative en milieu hostile ? Pas si vite !

Quand on parle d'IA générative, ou "GenAI" pour les intimes, on imagine souvent une créativité débordante, un brin chaotique. Pensez à ces outils qui vous écrivent un poème en quelques secondes ou génèrent des images surréalistes. C'est un peu comme un immense cerveau numérique nourri à des milliards de données, capable de produire du contenu nouveau. Mais cette liberté peut faire frémir les industries où la sécurité des données et la conformité réglementaire sont reines. « Les entreprises se tournent de plus en plus vers l’IA générative pour améliorer leur résilience, rationaliser leurs opérations et accélérer le délai de rentabilisation », explique Fernando Alvarez, directeur de la stratégie chez Capgemini. L'enjeu est donc de taille : comment apprivoiser cette puissance pour des secteurs comme les services financiers, le secteur public, l'aérospatiale, la défense ou l'énergie ?

Un trio de choc pour une IA sur mesure

Pour relever ce défi, chaque partenaire apporte sa pierre à l'édifice.

• Mistral AI, la jeune pousse parisienne qui fait parler d'elle jusqu'aux États-Unis, fournit ses « modèles d'IA avancés ». Ces modèles sont le moteur de l'IA, capables de comprendre et de générer du langage ou d'autres types de contenus.
• SAP, de son côté, met à disposition sa plateforme technologique sécurisée, la SAP Business Technology Platform (SAP BTP). Imaginez cela comme un coffre-fort numérique ultra-sécurisé où les entreprises peuvent utiliser l'IA sans craindre pour leurs données sensibles. Certaines entreprises pourront même héberger cette plateforme elles-mêmes pour un contrôle maximal.
• Capgemini, enfin, joue le rôle de l'architecte et du chef d'orchestre. Fort de son expertise sectorielle, le groupe développe une bibliothèque de « plus de 50 cas d’usage métiers prêts à l’emploi », validés par SAP. L'idée est d'offrir des solutions clés en main, spécifiquement adaptées aux besoins de chaque industrie.

Des robots inspecteurs aux achats intelligents : l’IA au cas par cas

Concrètement, à quoi vont ressembler ces applications d'IA ? Les partenaires ont levé le voile sur quelques exemples. Dans le secteur de l'énergie, on parle d'« inspection prédictive par drones », où l'IA analyserait les images pour anticiper les besoins de maintenance. Pour l'aérospatiale et la défense, il s'agirait d'une « assistance augmentée pour les techniciens », les aidant par exemple à gérer des non-conformités sur le terrain, une application détaillée par ActuIA. D'autres cas d'usage, plus transverses, visent l'optimisation des « achats intelligents multisources ».

Autre article : Limites IA : et si la course à la puissance ne suffisait plus pour les rendre vraiment malignes ?

Ces solutions sont conçues pour être « business-ready » (prêtes à l'emploi pour les entreprises) et certaines sont même qualifiées de « low-impact ». Si le terme n'est pas officiellement défini, ITBrief Asia évoque des cas d'usage cherchant à « minimiser l'impact environnemental grâce à une empreinte carbone plus faible ». Une IA plus verte, en plus d'être plus sûre ? L'idée est séduisante.

Autre article : Deepgram décortiqué : le guide pour retranscrire l'audio en texte avec l'IA

L’équation complexe : innovation et régulation stricte

Le véritable tour de force de cette alliance, comme le souligne Marjorie Janiewicz, responsable des revenus chez Mistral AI, est de « rendre l'intégration effective de l'IA plus accessible pour toutes les organisations, y compris celles des secteurs hautement réglementés ». Car le paradoxe est bien là : comment déployer une technologie aussi disruptive que l'IA générative dans des environnements où chaque virgule compte et où la moindre fuite de données peut avoir des conséquences désastreuses ?

La réponse, selon les partenaires, réside dans une approche où la gouvernance et l'alignement avec les réglementations sont intégrés « dès la conception ». Il s'agit de bâtir une IA responsable, où l'éthique n'est pas une option.

Autre article : Google et son Project Mariner : l’IA de demain fera-t-elle nos valises (et nos courses) à notre place ?

L'IA en col blanc, prête pour le grand saut ?

L'annonce de cette collaboration entre Capgemini, SAP et Mistral AI marque une étape significative. Elle témoigne d'une volonté de démystifier l'IA générative et de la rendre opérationnelle, même là où on l'attendait le moins. En combinant la puissance des modèles de Mistral AI, la robustesse de la plateforme SAP et l'expertise métier de Capgemini, le trio espère bien transformer les promesses de l'IA en valeur tangible pour les entreprises, tout en gardant les garde-fous nécessaires.

Reste à voir comment ces « plus de 50 cas d’usage » se déploieront concrètement et comment les industries concernées accueilleront ces nouveaux outils. Une chose est sûre : si l'IA parvient à faire ses preuves dans ces secteurs ultrasensibles, c'est qu'elle aura véritablement gagné ses lettres de noblesse. Et qui sait, peut-être que même votre banquier finira par vous parler le langage de la GenAI ? Ce serait une petite révolution en soi !